« Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance »
François Hollande, meeting du Bourget, le 22 janvier 2012
Le recours à ce bouc émissaire sans visage, incapable de répondre, existe depuis des siècles. La haine du financier n’a jamais été le propre de la gauche. Elle a toujours concerné une grande partie de la droite et même du patronat. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter le premier numéro de l’Action patronale, une revue publiée en décembre 1936 par le MEDEF de l’époque, désireux de contrer l’action du Front populaire :
« UN TROP GRAND PATRON. C’est un homme qui ne travaille pas lui-même, qui ne connait pas ses ouvriers. C’est celui qui achète et vend une usine comme un paquet d’actions ; ce n’est qu’un capitaliste qui prétend être un chef d’entreprise. »
Face à l’exécration du président en exercice, mon impression a été celle d’un spectateur qui observe un médecin convaincre ses patients avec l’adage : « mon ennemi, c’est le corps humain », au lieu d’affirmer « mon ennemi, c’est le cancer ». Dans le fond, le problème n’est pas la finance, mais ses déviances. Comme expliqué dans mon livre Le véritable rôle de la Finance, la finance permet d’allouer le capital à des projets que la société appelle de ses vœux et nous lui devons en partie des avancées majeures comme le doublement de l’espérance de vie de l’Humanité en un siècle à peine. Contrairement à ce que pense l’opinion publique, elle sert bien plus les intérêts de la collectivité qu’elle ne les desserts. Le problème est qu’elle entretient un rapport inexistant avec la morale. Elle est le terreau de pratiques potentiellement dommageables au bien commun, au même titre que le corps humain peut devenir le foyer de prolifération de métastases. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de cibler au mieux le problème avant de s’y attaquer efficacement. Jeter le bébé avec l’eau du bain, ne constitue en aucun cas la méthode appropriée. La solution ne réside pas dans l’abolition de la finance, mais dans la régulation des marchés financiers, dans la supervision bancaire, et dans le renforcement du pouvoir et des moyens des autorités prudentielles. Pour cette raison, le discours du président de la République est enterré deux ans et demi plus tard, aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, par son ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin qui déclare : « notre amie c’est la finance : la bonne finance ».
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